Hugues Sibille
Sommes-nous à la hauteur des défis qui nous attendent ?
L'heure n'est plus à faire des voeux pour 2023 en souhaitant qu'ils se réalisent. L'heure est à écrire, partager et construire ensemble le récit d'un nouveau modèle, soutenable, juste et inclusif.
L’ESS se porte bien, nous le constatons sur les territoires, car elle est fille de la nécessité. Elle cherche et trouve des solutions. Le Labo de l’ESS, de ce fait, se porte bien aussi. Nos nombreuses activités en rendent compte. De précieux progrès européens ont marqué 2022 avec un Plan d’action européen en faveur de l’économie sociale, et la prise en compte par le Marché intérieur d’un 14ème écosystème, celui d’une économie de proximité et sociale. Accoler ces deux mots nous parle, tant nous sommes, au Labo, convaincus du rôle territorial de l’ESS. Le Labo a pris sa part dans ce combat européen, nous continuerons résolument ce choix en 2023 et appelons toute l’ESS française à « monter en puissance européenne ». L’Europe, confrontée à différents défis est, plus que jamais, notre avenir.
Pour autant, la fabrique collective de l’ESS n’est pas encore à la hauteur pour modifier la trajectoire du paquebot économique filant vers l’iceberg écologique, social et démocratique : sècheresse de l’été 2022, guerre de l’eau démarrée en France, précarité alimentaire des étudiants, coûts de l’énergie, crise du système de santé, abstentions électorales, etc.
Ce constat décuple nos ardeurs. Le Labo a choisi depuis deux ans de travailler sur un fil rouge : le rôle de l’ESS dans ce que certains appellent la transition, d’autres la transformation, ou encore la bifurcation. Peu importent les mots, ils parlent de reformuler un modèle de développement, soutenable, juste et inclusif. Début 2023, le Labo organisera des journées régionales des transitions et finalisera une étude en lien avec le président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), Pascal Brice, sur le thème : « Réussir une transition écologique juste ».
Avec les collectivités territoriales, actrices clés de la transition, nous tissons de plus en plus de liens. En 2022, nous avons travaillé sur le sujet de la low-tech avec six métropoles françaises. Nous ne sommes pas anti-technologiques mais convaincus que l’ESS a, doit avoir, une autre approche d’une technologie, juste, proportionnée, combinant des innovations sociales, d’usage, de mutualisation et de coopération. Elles sont nombreuses sur le terrain, insuffisamment visibles. Nous avons publié en 2022 un guide pratique en ce sens pour les collectivités locales. Notre conviction sur la montée en puissance de la coopération territoriale entre acteurs reste entière. Ainsi, nous avons été engagés et vigilants en 2022 sur les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), participant à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI), faisant vivre la Charte signée par 120 PTCE. Et nous avons lancé un travail sur les conditions d’accompagnement et de financement de l’ingénierie des projets reposant sur cette coopération territoriale.
Pour finir nous savons bien que la bataille est aussi et surtout culturelle. C’est pourquoi, nous avons à cœur de mieux embarquer les économistes aux côtés de l’ESS et de l’économie de proximité, d’entendre leurs réserves, de mieux les convaincre. Nous publierons en 2023 une étude approfondie réalisée auprès de 20 grands économistes et organiserons des débats publics sur le sujet. Car il ne suffit pas que nos idées soient justes. Encore faut-il les partager, les valoriser !
Restons soudés en 2023. Le Labo de l'ESS fera résolument sa part !
Hugues Sibille,
Président du Labo de l’ESS